Champion de la franchise, initiateur des lunettes accessibles bien avant le boom de la démocratisation, précurseur de l’optique « sexy » et première égérie de son entreprise, Alain Afflelou est un opticien qui a élargi son prime à 360 degrés. Un faiseur d’innovation, tout court et marketing, un surtout, un grand rassembleur qui a su fédérer un réseau de franchises unique en France. Entretien.

Comment est structuré votre réseau ?

Nous maillons tout le territoire avec nos enseignes, via 10 à 12 pour cent de succursales, le reste en franchises. Notre navire amiral étant le magasin des Champs-Elysées. Nous sommes attentifs à l’unité, l’homogénéité de nos boutiques, il faut que l’on puisse partout avoir le même service, la même compétence, avec des salariés, souriants et compétents. La mode, la bienveillance, l’expertise font partie de nos valeurs depuis cinquante ans ! Nous avons démarré en 1972 avec une première boutique au Bouscat, en Gironde, le groupe représente aujourd’hui le premier réseau de franchise de produits d’optiques (et plus récemment d’aides auditives) en France. Il a également une forte empreinte ses principaux autres marchés, la Belgique, l’Espagne et la Suisse. Aujourd’hui basée à Genève, toujours indépendant et familial, le groupe Afflelou aligne 1445 magasins dans 19 pays. C’est le modèle économique, fondé sur la franchise qui a porté avec succès le groupe.

L’innovation marketing fait aussi partie de l’ADN de la maison. Vous êtres un de ces patrons pas si nombreux, rentrés dans tous les foyers des Français avec vos pubs TV.

« Tchin Tchin » ! Oui, je pouvais le faire car je suis crédible je suis opticien de métier. J’incarnais légitimement une partie du monde de l’optique, de façon moderne et bienveillante. Pas besoin d’être la figure de l’expert à blouse blanche. Je suis opticien, je suis chef d’entreprise, mon enseigne est connue, c’était une sorte de mise en abyme de la marque qui porte mon nom, bienveillante et légitime. Il y a cette proximité avec le public, je peux parler un langage de vérité.

Outre la modernité marketing de votre approche, Afflelou est connu pour ses innovations. Que mettez-vous en place actuellement ?

Nous avons lancé la lentille éphémère à un euro la paire. Ce n’est pas très mode mais cette opération connaît aussi un véritable succès. Chez nous, le parcours digital, en progression, reste un objectif. Pour les lunettes «?pour tous?» le concept d’internet, qui a fait florès ces dernières années, reste à transformer. Il faut un parcours sans couture, du net à la boutique. Nous y travaillons.

Vous avez pris un virage osé en imposant votre marque propre, devenue dominante dans votre offre, face aux grandes marques d’optiques et de luxe proposées également en boutique. Pourquoi ce choix ?

Alain Afflelou : C’est effectivement l’un des points centraux de la stratégie de l’entreprise. Il s’agit avant tout de renforcer notre indépendance face à des mouvements que nous ne maîtrisons pas. Récemment, la fusion de Essilor-Luxottica a pris un poids énorme dans la distribution de lunettes de marques. J’ai donc décidé, par prudence et volonté d’autonomie, de développer encore ma marque Afflelou Paris. Avec une accroche, la « Magic », portée par une ambassadrice proche des Français, Alice Taglioni. Une gamme d’optique et de solaire, mode, dans l’air du temps, à laquelle on peut ajouter une douzaine de clips, choisis selon les besoins : loupe, solaire, conduite de nuit, etc.

Aujourd’hui, Afflelou Paris, lancé en 2014, représente la majorité des ventes, même si l’on trouve toujours dans les boutiques les griffes habituelles, Dior, Gucci, Persol, etc. On essaie de réussir l’alliance de notre griffe maison, de l’innovation et de l’accessible, puisqu’on achète une paire et son champ des possibles…